Haïku : The Ecological Visual Art ?
俳句は、その形式的な控えめさの中で、最もエコロジカルな芸術を体現しています。それは言葉の節約だけでなく、存在、時間、そして相互連結の最も深い次元に触れる方法でもあります。俳句は、世界をその表面的な装飾から剥ぎ取り、物事のありのままの真実を明らかにする三行で現実の本質を捉える芸術です。その意味で、俳句は単なるエコロジーの原則を反映しているだけでなく、存在するものや物との絡み合いの中で共鳴する、根本的にエコロジカルな実践です。
(ENGLISH
VERSION
BELOW)
Le haïku, dans toute sa modestie formelle, incarne l’art le plus écologique, non seulement par son économie de mots, mais par la manière dont il touche aux dimensions les plus profondes de l’existence, du temps, et de l’interconnexion. C’est un art qui capture l’essence du réel en trois lignes, dépouillant le monde de ses ornementations superficielles pour révéler la vérité brute des choses, telle qu’elle est. À ce titre, il n’est pas seulement un reflet des principes de l’écologie, mais une pratique intrinsèquement écologique.
La Profondeur de l’Instantané
Le haïku est une image. Une photographie verbale. Mais cette image est infinie dans sa profondeur. Dans la tradition zen et chan, l’idée de satori – l’illumination soudaine – trouve un écho parfait dans l’écriture du haïku. Un moment unique est capturé, mais ce moment contient en lui toutes les nuances de l’univers, tel que Bashô le présente lorsqu’il écrit :
“Un vieux bassin / Une grenouille plonge / Bruit de l’eau”.
C’est un instant concret, mais qui résonne dans l’infini. La profondeur du haïku dépasse le temps et l’espace qu’il dépeint, et en cela, il rejoint une idée écologique fondamentale : la reconnaissance que toute chose est connectée à un tout qui la dépasse. C’est ce que l’on peut appeler un hyperobjet (Timothy Morton) — cette notion d’un vaste enchevêtrement de relations dans lesquelles chaque instant, chaque entité est immergée. Le haïku, en saisissant un instant particulier, nous fait sentir cette toile invisible.
Écologie Profonde : Minimalisme et Révélation Radicale
« Etudier une fleur signifie s'oublier en elle, la laisser tranquille, la voir telle qu'elle est ».
(DT Suzuki)
Le zen, loin d'être simplement une philosophie ou une méditation détachée du monde, propose une méthode d'observation directe et intime de la réalité, ancrée dans la pleine présence. Cette approche va bien au-delà d'une simple méthode scientifique d'analyse : elle invite à transcender la séparation entre l'observateur et l'observé. L’observation zen n’est pas une étude distanciée de la fleur, mais une immersion totale où l’esprit de l’observateur disparaît pour se fondre avec la fleur elle-même. Cette conception peut nous choquer, nous, sujets modernes occidentaux, habitués à un regard analytique et objectif, où la distance entre le sujet et l’objet est primordiale. Dans notre culture, la connaissance repose sur la maîtrise, la classification, la dissection, et la mise à distance du monde pour en extraire une compréhension rationnelle. Le zen, en revanche, demande un abandon de ce besoin de contrôle, une dissolution de l’ego qui heurte nos conceptions modernes de l’individualité et de la connaissance comme pouvoir sur le monde.
Le haïku ne glorifie pas, il ne commente pas, il ne cherche pas à exploiter ou à transformer ce qu’il observe. Le haïku est un acte d’humilité, il s’efface devant ce qu’il décrit. Chaque haïku est une manière d’écouter le monde, de rendre hommage à la réalité brute des choses. C’est une pratique qui résiste à l’extractivisme culturel et mental, cette tendance à vouloir tout transformer en information ou en profit. Le haïku laisse les choses être.
Cette simplicité est également une réponse à l’idée d’une écologie de la production artistique. Le haïku, par sa brièveté, est l’art littéraire le moins coûteux en termes de ressources. Il ne nécessite ni papier, ni infrastructure technologique complexe, ni matériaux rares. Trois lignes, quelques mots bien choisis, suffisent à créer un impact profond. Il est dématérialisé et léger, circulant à travers les esprits et les générations sans laisser de trace physique significative, une qualité rare dans un monde saturé de médias lourds et énergivores. En ce sens, il est un art du minimum, une pratique de durabilité esthétique.
L’éco-phénoménologie, notre salut?
Des penseurs comme Maurice Merleau-Ponty, Arne Naess, ou Ted Toadvine ont montré que nos corps et nos perceptions sont en interaction constante avec l’environnement. Contrairement à une écologie abstraite ou intellectuelle, cette approche engage nos sens, rappelant que la terre, l’air, et les sons ne sont pas des objets extérieurs, mais des partenaires dans une danse perceptuelle continue.
Le haïku, par sa capacité à saisir un instant de manière concise, devient un outil idéal de cette éco-phénoménologie. Il nous incite à percevoir la nature non comme un simple spectacle, mais comme un élément avec lequel nous interagissons profondément. Il capte les détails subtils du monde — le bruit du vent, l’éclat du soleil, la texture de l’eau — et les transforme en une expérience sensorielle partagée. Loin d’être un exercice purement intellectuel, le haïku renoue avec notre langage corporel, qui émerge directement du contact avec le monde.
« Tout est expressif… Il n’y a pas de chose qui ne soit un repli de l’être sur soi et qui ne parle à qui sait l’entendre. »
(Maurice Merleau-Ponty)
Cette approche soulève toutefois la question de l’anthropomorphisme. En prêtant nos propres émotions ou intentions à la nature, risquons-nous de la déformer ? Plutôt que d’éviter cet anthropomorphisme, certains éco-phénoménologues, comme David Abram, proposent de le reconsidérer comme une méthode philosophique. L’anthropomorphisme, utilisé avec précaution, peut devenir une manière de redécouvrir la subjectivité du monde naturel et de renouer avec une forme de dialogue sensoriel et respectueux.
Ainsi, la phénoménologie se révèle être intrinsèquement écologique. Elle repose sur l’idée que nos perceptions sont toujours liées aux flux du monde naturel, et que notre subjectivité elle-même fait partie de cette interaction. En intégrant cette subjectivité dans notre compréhension des phénomènes, nous admettons que la nature et nous-mêmes sommes co-acteurs dans une dynamique commune. Finalement, toute phénoménologie authentique est une éco-phénoménologie.
Mais ne reste-t-elle pas quand même une ode à la Nature?
Ecocritique Autocritique
“Interdependence Sucks”
(Timothy Morton)
Pour se décentrer suffisamment, il est nécessaire de remettre en question ce billet de blog lui-même et sa vision simplifiée du zen et du haïku comme formes « les plus écologiques ». L’idée de l’écologie comme un processus harmonieux est une simplification qui peut devenir problématique. L’écologie n’est ni douce, ni mignonne, et elle ne se réduit pas à des notions de pureté ou de simplicité. Tout dans ce monde est interconnecté, et cette interconnexion est pleine de tensions, de contradictions, et de forces troublantes. Même des gestes aussi apparemment innocents que la contemplation d'une fleur ou l'écriture d'un haïku sont pris dans un réseau complexe de causes et d'effets. Chaque action, chaque observation, fait partie d’une interaction gigantesque qui dépasse largement notre capacité à la maîtriser.
L’idée de « laisser la nature être » n’est finalement qu’une forme de romantisme écologique, une tentative de préserver une vision idéalisée de la nature. Une fleur, par exemple, n’est pas un simple objet d’observation tranquille. Elle fait partie d’un enchevêtrement de forces gigantesques — le climat, l’histoire, la pollution — et nous, observateurs, sommes intrinsèquement liés à ces forces.
De plus, la séparation entre l’observateur et l’observé, que l’on cherche souvent à transcender dans certaines traditions contemplatives comme le zen, repose sur une idée qui mérite d’être remise en cause. Il n’y a peut-être jamais eu de véritable séparation entre l’humain et le non-humain. Nous faisons tous partie d’un réseau complexe et interconnecté, et cette interdépendance existe que nous en soyons conscients ou non. L’idée de pouvoir transcender cette relation pour atteindre un état « pur » ou détaché est une illusion. Nous sommes déjà immergés dans cette toile de relations, et tenter d’échapper à cette réalité est futile.
L’Écologie Sombre : Spotlight sur l’Obscur
L’écologie ne concerne donc pas seulement les « belles » parties de la nature, mais aussi ses aspects mystérieux, troublants, voire effrayants. Le haïku, bien qu’apparaissant souvent léger, voire naïf, contient également cette profondeur de l’obscur. Prenons par exemple cet haïku de Santōka :
“Neige qui tombe / sur moi seul / silence”.
Derrière la beauté de l’image se cache un sentiment de solitude abyssale, une confrontation avec l’infini du silence, du vide, du rien. C’est ce que l’on peut appeler l’effondrement des catégories confortables, la réalisation que nous sommes tous pris dans un enchevêtrement d’êtres, d’objets et de forces qui échappent à notre contrôle. Le haïku, en capturant ces instants ambigus, devient un instrument privilégié pour rendre visible l’invisible, pour faire émerger l’obscurité qui sous-tend nos existences.
L’écologie est également une science du flux — des cycles, des énergies, des matières qui circulent et se transforment. Le haïku est, par nature, un art du passage. Il saisit un moment fugace, mais ce moment est toujours en mouvement. Il n’y a pas de statisme dans le haïku. Même lorsque tout semble immobile, comme dans
“Sol craquelé sec / Des fissures dessinent l’attente / Sous le ciel ardent”
c’est l’attente elle-même qui devient mouvement. L’écologie, comme l’enseigne le haïku, n’est pas une question de préservation statique mais de cohabitation avec des processus qui nous dépassent, de s’inscrire dans des flux qui sont plus vastes que nous.
Haïkus pour d’Autres Formes de Vie : Des Instants Universels ?
Traduire un haïku, c’est inévitablement trahir une part de ce qu’il capture. Les mots japonais sont souvent riches de plusieurs niveaux de sens, de jeux de sonorités, et de référents culturels intraduisibles dans une autre langue. Cependant, cette trahison n’est pas un échec ; elle fait partie intégrante du processus de transmission. Un haïku traduit devient un haïku « hybride », une version à mi-chemin entre l’œuvre originale et la nouvelle interprétation. Cela reflète également l’idée que le haïku, en tant que forme d’art, ne cherche pas à s’imposer dans sa pureté. Il se permet de se diluer, de muter, d’être réinterprété, à condition que l’essence de l’instant vécu demeure intacte. Ainsi, la traduction d’un haïku devient une nouvelle création, une rencontre entre l’ancien et le nouveau.
Peut-on imaginer que d’autres formes de vie — animales, végétales, ou même inorganiques — puissent être sensibles à la forme du haïku ? Si nous acceptons que le haïku vise à saisir un instant de réalité brute, un fragment d’existence non interprété par l’humain, alors oui, il est concevable que cette forme poétique puisse résonner avec des consciences non humaines.
Cette idée de résonance poétique avec le monde naturel rappelle la pensée de Martin Heidegger, qui s’appuie sur la tradition grecque pour affirmer que l’homme doit habiter le monde poétiquement. Selon Heidegger, habiter poétiquement ne signifie pas simplement vivre dans un lieu, mais plutôt participer activement à la création et à la révélation de l’être. En s’inspirant des concepts grecs comme poiēsis (la création) et oikos (la maison, l’habitat), Heidegger considère que l’acte poétique est un mode d’habitation qui permet à l’être humain de dévoiler le monde de manière créative. Dans cette perspective, la poésie — et notamment le haïku — devient un geste d’engagement profond avec le monde, une manière de faire émerger la vérité de ce qui est, au-delà de l’humain, touchant même des formes de vie inorganique ou non-humaine.
Un haïku pourrait devenir une manière de communiquer avec le monde naturel. Un vent soufflant dans les feuilles, le chant d’un oiseau au crépuscule, ou le bruit d’une vague qui éclate pourraient être interprétés comme des haïkus « naturels », des instantanés bruts que nous, humains, ne faisons que transcrire. Ce qui ouvre la voie à des haïkus hybrides, co-créés par la nature elle-même. Pourquoi ne pas imaginer une collaboration avec d’autres formes de vie, où l’humain s’efface pour laisser la nature contribuer directement à la création poétique ?
Les Haïkus Hybrides : Quand la Nature Redevient Auteur
L’anthropologue Eduardo Kohn, dans son ouvrage Comment pensent les forêts : Vers une anthropologie au-delà de l’humain, propose une hypothèse radicale qui remet en question l’idée que seules les pensées humaines sont porteuses de sens. À travers ses recherches sur le terrain avec les Runa dans l’Amazonie équatorienne, Kohn explore comment les forêts, les animaux, et d’autres entités non humaines participent à des réseaux de communication basés sur des échanges de signes. Selon lui, non seulement les humains, mais également les arbres, les animaux, et l’environnement, sont pris dans un vaste réseau sémiotique où chaque être « pense » en interprétant et en répondant à des signes émis par d’autres. Ce processus dépasse les capacités humaines, impliquant des formes de vie que nous n’associons habituellement pas à l’intelligence ou à la pensée
Si, comme Kohn le propose, la communication et la pensée ne sont pas des exclusivités humaines, mais des processus sémiotiques partagés à travers l’ensemble du vivant, il devient tout à fait concevable d’imaginer des haïkus co-créés avec des formes de vie non humaines. Ces haïkus hybrides, enrichis par la participation des éléments naturels — arbres, plantes, animaux —, s’inscriraient dans cette dynamique de réseau sémiotique où chaque être, humain ou non, participe à l’échange et à la création de sens. Cela rejoint l’idée que la poésie, notamment à travers le haïku, peut devenir un vecteur de communication qui transcende les frontières de l’humain et engage d’autres formes de vie dans une véritable co-création poétique.
Les haïkus hybrides pourraient être composés en partie par les sons, les mouvements ou les rythmes naturels. Le bruissement des arbres, les crépitements d’un feu, le chant d’un ruisseau pourraient être intégrés comme éléments constitutifs de la forme poétique, où chaque son deviendrait un « mot », une syllabe dans un haïku partagé entre l’humain et la nature. Ces haïkus seraient une reconnaissance que l’écologie est une poésie en elle-même, que le monde naturel écrit continuellement ses propres poèmes, et que l’humain n’a qu’à tendre l’oreille pour les entendre.
On pourrait imaginer des dispositifs poétiques où un poète observe les rythmes de la nature et tente de les traduire en mots. Un haïku hybride serait une fusion entre ces éléments sonores et la transcription humaine. Par exemple, un poète pourrait « écrire » un haïku avec les gouttes de pluie tombant sur des feuilles, où chaque goutte devient une syllabe dans une composition poétique que personne ne possède entièrement, mais qui appartient à la co-création entre le poète et le monde qui l’entoure.
Haïkus Écologiques du Futur
Si l’on pousse plus loin cette idée, peut-on imaginer des haïkus destinés à des consciences artificielles, des haïkus capables de communiquer avec des intelligences non humaines, ou même avec des entités collectives comme les forêts ou les océans ? Si le haïku est une capture de l’essence brute d’un instant, il pourrait alors transcender les barrières de communication entre espèces et formes de vie. Des intelligences artificielles, capables de percevoir les données naturelles — la vitesse du vent, les variations de lumière, la croissance des arbres — pourraient non seulement générer de tels poèmes, mais aussi y être réceptives.
L’idée que le haïku puisse devenir un moyen de communication inter-espèce ou inter-systèmes ouvre un champ fascinant. À l’image des arbres qui « communiquent » entre eux via leurs racines et les réseaux mycéliens, ces poèmes minimalistes pourraient devenir des vecteurs d’échanges entre différentes formes de vie, voire des éléments inorganiques. Ils créeraient ainsi un réseau poétique invisible où l’humain, la machine et la nature se rejoignent en une véritable symbiose écologique.
Dans cette vision élargie, le haïku dépasse largement son rôle d’art humain. Il s’étend à une écologie relationnelle, devenant une manière de s’accorder avec le monde. Le haïku n’est plus simplement une observation de la nature, mais une participation active à ses flux. Les haïkus hybrides, co-créés par les forces naturelles, deviendraient des fenêtres ouvertes vers d’autres formes de communication, d’autres intelligences, et d’autres modes d’existence. Le haïku devient alors une co-création avec l’univers, une langue commune qui pourrait bien, un jour, être parlée par les humains, les arbres, les océans, et peut-être même les machines.
« All art is ecological because all art deals with how we coexist with other beings, whether we’re aware of it or not. Ecology isn’t about cute animals or beautiful landscapes; it’s the messy, disturbing reality of how things really are interconnected. »
(Timothy Morton)
Haiku, in all its formal modesty, embodies the most ecological form of art, not only through its economy of words but also through the way it touches on the deepest dimensions of existence, time, and interconnection. It is an art that captures the essence of reality in three lines, stripping the world of its superficial ornamentations to reveal the raw truth of things as they are. In this sense, it is not merely a reflection of ecological principles but an inherently ecological practice that resonates with a view of the world as an intricate web of beings and objects.
The Depth of the Instantaneous
Haiku is an image—a verbal photograph. Yet this image is infinite in its depth. In the Zen and Chan traditions, the concept of satori—sudden enlightenment—finds a perfect echo in the writing of haiku. A unique moment is captured, but that moment contains all the nuances of the universe, as Bashō expresses when he writes:
“An old pond / A frog leaps in / Sound of water.”
This is a concrete moment, yet it resonates in infinity. The depth of haiku goes beyond the time and space it depicts, and in doing so, it aligns with a fundamental ecological idea: the recognition that everything is connected to a whole that exceeds it. This is what one might call a hyperobject (Timothy Morton)—the concept of a vast entanglement of relationships in which each moment, each entity, is immersed. By capturing a particular instant, haiku allows us to sense this invisible web.
Deep Ecology: Minimalism and Radical Revelation
“To study a flower means to forget yourself in it, to leave it alone, to see it as it is.”
(D.T. Suzuki)
Zen, far from being merely a philosophy or a meditation detached from the world, offers a method of direct and intimate observation of reality, grounded in full presence. This approach goes far beyond a simple scientific method of analysis; it invites us to transcend the separation between observer and observed. Zen observation is not a distanced study of the flower, but a total immersion, where the observer’s mind dissolves and merges with the flower itself. This concept may shock us, as modern Western subjects accustomed to an analytical and objective gaze, where the distance between subject and object is paramount. In our culture, knowledge is based on mastery, classification, dissection, and distancing from the world in order to extract rational understanding. Zen, however, requires us to abandon this need for control, a dissolution of the ego that challenges our modern notions of individuality and knowledge as power over the world.
Haiku neither glorifies, comments on, nor seeks to exploit or transform what it observes. Haiku is an act of humility, it steps aside to let what it describes stand on its own. Every haiku is a way of listening to the world, of paying homage to the raw reality of things. It is a practice that resists cultural and mental extractivism, that tendency to want to transform everything into information or profit. Haiku lets things be.
This simplicity also addresses the idea of an ecology of artistic production. Haiku, with its brevity, is the least resource-intensive form of literary art. It requires no paper, no complex technological infrastructure, nor rare materials. Three lines, a few well-chosen words, are enough to create a profound impact. It is dematerialised and light, circulating through minds and generations without leaving a significant physical trace, a rare quality in a world saturated with heavy, energy-consuming media. In this sense, it is an art of the minimum, a practice of aesthetic sustainability.
Eco-Phenomenology: Our Salvation?
Thinkers like Maurice Merleau-Ponty, Arne Naess, and Ted Toadvine have demonstrated that our bodies and perceptions are constantly interacting with the environment. Unlike an abstract or intellectualised ecology, this approach engages our senses, reminding us that the earth, air, and sounds are not external objects but partners in a continuous perceptual dance.
Haiku, with its ability to capture a moment concisely, becomes an ideal tool of this eco-phenomenology. It encourages us to perceive nature not as a mere spectacle but as an element with which we deeply interact. It captures the subtle details of the world—the sound of the wind, the glint of sunlight, the texture of water—and transforms them into a shared sensory experience. Far from being a purely intellectual exercise, haiku reconnects us with our bodily language, which emerges directly from our contact with the world.
“Everything is expressive… There is no thing that is not a fold of being in itself, that does not speak to those who know how to hear.”
(Maurice Merleau-Ponty)
This approach raises the question of anthropomorphism, however. By attributing our emotions or intentions to nature, do we risk distorting it? Rather than avoiding this anthropomorphism, some eco-phenomenologists, like David Abram, suggest rethinking it as a philosophical method. When used carefully, anthropomorphism can become a way of rediscovering the subjectivity of the natural world and re-establishing a respectful, sensory dialogue.
Thus, phenomenology reveals itself to be inherently ecological. It rests on the idea that our perceptions are always linked to the flows of the natural world and that our subjectivity is part of this interaction. By integrating our subjectivity into our understanding of phenomena, we acknowledge that nature and ourselves are co-actors in a shared dynamic. Ultimately, any authentic phenomenology is an eco-phenomenology.
But does it remain, after all, a mere ode to Nature?
Ecocritique = Autocritique
“Interdependence Sucks”
(Timothy Morton)
To adequately decentre ourselves, we must challenge this very blog post and its simplified view of Zen and haiku as the “most ecological” forms. The idea of ecology as a harmonious process is a problematic simplification. Ecology is neither gentle nor cute, and it cannot be reduced to notions of purity or simplicity. Everything in this world is interconnected, and this interconnection is filled with tensions, contradictions, and troubling forces. Even actions as seemingly innocent as contemplating a flower or writing a haiku are caught in a complex network of causes and effects. Each action, each observation, is part of an interaction far beyond our ability to control or fully understand.
The idea of “letting nature be” is ultimately a form of ecological romanticism, an attempt to preserve an idealised vision of nature. A flower, for example, is not simply an object of tranquil observation. It is part of a vast entanglement of forces—climate, history, pollution—and we, as observers, are intrinsically linked to these forces.
Moreover, the separation between observer and observed, which we often seek to transcend in contemplative traditions like Zen, rests on an idea worth re-evaluating. Perhaps there has never been a true separation between human and non-human. We are all part of a complex, interconnected network, and this interdependence exists whether we acknowledge it or not. The idea of transcending this relationship to achieve a “pure” or detached state is an illusion. We are already immersed in this web of relations, and trying to escape this reality is futile.
The Dark Ecology: Light on the Obscure Flows
Ecology does not merely concern the “beautiful” aspects of nature, but also its mysterious, troubling, and even frightening elements. Although haiku often appears light, even naïve, it also holds a profound depth that embraces the darker side of existence. Take, for example, this haiku by Santōka:
"Falling snow / on me alone / silence."
Behind the beauty of the image lies a profound sense of abyssal solitude, a confrontation with the infinite silence, emptiness, and nothingness. This reflects what can be described as the collapse of comforting categories—the realisation that we are all entangled in webs of beings, objects, and forces far beyond our control. Haiku, by capturing these ambiguous moments, becomes a unique instrument for making the invisible visible, for bringing forth the darkness that underpins our lives.
Ecology is also the science of flow—of cycles, energies, and materials that circulate and transform. Haiku, by its nature, is an art of passage. It captures a fleeting moment, yet that moment is always in motion. There is no stasis in haiku. Even when everything seems still, as in:
« Cracked dry ground / fissures sketch the waiting / beneath the burning sky »
it is the waiting itself that becomes movement. Haiku teaches us that ecology is not about static preservation, but about coexisting with processes that surpass us, and about embedding ourselves within flows that are far greater than we are. The apparent stillness contains transformation, much like how ecology itself encompasses cycles of decay and rebirth.
Haikus for Other Forms of Life: Universal Moments?
Translating a haiku inevitably involves losing part of what it captures. Japanese words often carry layers of meaning, soundplay, and cultural references that cannot be rendered in another language. However, this “betrayal” is not a failure; it is part of the process of transmission. A translated haiku becomes a hybrid haiku, a version halfway between the original work and the new interpretation. This reflects the idea that haiku, as an art form, does not seek to impose its purity. It allows itself to dilute, mutate, and be reinterpreted, as long as the essence of the lived moment remains intact. Thus, translating a haiku becomes a new creation, a meeting between the old and the new.
If we accept that haiku seeks to capture a raw moment of reality, a fragment of existence not yet interpreted by humans, could we imagine it resonating with other forms of life—animals, plants, or even inorganic entities? In this way, haiku could transcend the barriers of human language and communicate something universally accessible.
This idea recalls Heidegger’s assertion that humans must dwell poetically in the world. Dwelling poetically is not just about living in a place, but about participating actively in the creation and revelation of being. In this context, poetry—particularly haiku—becomes a gesture of deep engagement with the world, a way of revealing the truth of what is, beyond the human, and potentially resonating even with non-human life forms.
A haiku might become a way of communicating with the natural world. The rustling of leaves in the wind, the song of a bird at dusk, or the crash of a wave could be interpreted as “natural” haikus, raw snapshots that humans merely transcribe. This opens the door to hybrid haikus, co-created by nature itself. Why not imagine collaborating with other forms of life, where humans step back to let nature directly contribute to poetic creation?
Hybrid Haikus: When Nature Becomes the Author Again
Anthropologist Eduardo Kohn, in his book How Forests Think: Toward an Anthropology Beyond the Human, presents a radical hypothesis that challenges the idea that only human thoughts carry meaning. Through his fieldwork with the Runa people in the Ecuadorian Amazon, Kohn explores how forests, animals, and other non-human entities participate in networks of communication based on the exchange of signs. According to him, not only humans, but also trees, animals, and the environment are part of a vast semiotic network where each being "thinks" by interpreting and responding to signs from others. This process goes beyond human capabilities, involving forms of life we do not usually associate with intelligence or thought.
If, as Kohn suggests, communication and thought are not human exclusivities but semiotic processes shared across all living things, it becomes entirely conceivable to imagine haikus co-created with non-human life forms. These hybrid haikus, enriched by the participation of natural elements — trees, plants, animals — would fit into this dynamic semiotic network where every being, human or not, contributes to the exchange and creation of meaning. This aligns with the idea that poetry, especially haiku, can become a means of communication that transcends human boundaries and engages other life forms in a genuine co-creative process.
Hybrid haikus could be composed in part by natural sounds, movements, or rhythms. The rustling of trees, the crackling of a fire, the song of a stream could be integrated as essential components of the poetic form, where each sound would become a "word", a syllable in a haiku shared between humans and nature. These haikus would acknowledge that ecology itself is a form of poetry, that the natural world continuously writes its own poems, and that humans only need to listen to hear them.
One could imagine poetic devices where a poet observes the rhythms of nature and attempts to translate them into words. A hybrid haiku would be a fusion between these natural elements and human transcription. For example, a poet might "write" a haiku using raindrops falling on leaves, where each drop becomes a syllable in a poetic composition that no one fully owns but belongs to the co-creation between the poet and the world around them.
Ecological Haikus of the Future
Pushing this idea further, can we imagine haikus designed for artificial intelligences, haikus capable of communicating with non-human intelligences, or even with collective entities like forests or oceans? If haiku is a capture of the raw essence of a moment, it could then transcend the barriers of communication between species and forms of life. Artificial intelligences capable of perceiving natural data — the speed of the wind, variations in light, the growth of trees — could not only generate such poems but also be receptive to them.
The idea that haiku could become a means of inter-species or inter-system communication opens up a fascinating field. Much like how trees "communicate" with each other through their roots and fungal networks, these minimalist poems could become vectors of exchange between different life forms, even inanimate elements. They would thus create an invisible poetic network where humans, machines, and nature come together in a genuine ecological symbiosis.
In this expanded vision, haiku transcends its role as merely a human art form. It extends into relational ecology, becoming a way of harmonising with the world. Haiku is no longer just an observation of nature but an active participation in its flows. Hybrid haikus, co-created by natural forces, would become windows into other forms of communication, other intelligences, and other modes of existence. Haiku then becomes a co-creation with the universe, a common language that could one day be spoken by humans, trees, oceans, and perhaps even machines.